Eglise Saint Barthélemy de Bambois
La construction de l'église dédiée à St Barthélemy, et du presbytère de Bambois datent d'une bonne centaine d'années.
Les recherches historiques nous précisent que cet endroit fut tout d'abord occupé par une ferme, qui est mentionnée dans les archives en 1692. Mlle Jeanmart rentière, décida d'y construire une église, dont les travaux furent financés par elle-même, travaux qui débutèrent en 1898 et durèrent deux ans.
On se souvient encore des festivités du centenaire de l'église.
Bénédiction de l'église de Bambois
C'est le mercredi 14 février 1900 qu'a eu lieu à Bambois la bénédiction de la nouvelle église " Saint-Barthélemy ". Voici des extraits de cette manifestation tirés du n' 7 de l'an 1900 du ' Messager de Fosses".
Cette cérémonie a eu lieu mercredi dernier. Il n'y manquait qu'un rayon de soleil. Au lieu de cela, nous avons été gratifiés d'une tempête de pluie et de neige comme on en vit peu Cet hiver. Malgré tout, nous nous sommes mis en route pour le Bambois, muni d'une bonne paire de guêtres, d'une capote à rendre des points à un gendarme et d'un parapluie en place du bourdon traditionnel. (bourdon = bâton de pèlerin)
Tout le village était pavoisé aux couleurs pontificales et nationales.. Les chemins menant à l'église étaient bordés de guirlandes, de buis et de houx et l'extérieur de l'édifice était couvert d'oriflammes et de drapeaux. Quant à l'intérieur, c'eut été une profanation de déparer, par des décorations étrangères, ce petit bijou d'architecture gothique. En attendant la cérémonie, nous jetons un coup d’œil à l'intérieur, grâce à l'obligeance de nos braves gendarmes qui sont au poste pour le service d'ordre. Nous ne pouvons qu'engager nos lecteurs à aller la visiter, ils ne seront pas, déçus. Mais voici l'heure de la cérémonie. Un piquet de 30 hommes à cheval s'avance au-devant de la voiture de Mgr l'Evêque qui a daigné venir en personne consacrer à Dieu ce temple élevé à sa Majesté. Puis les cérémonies liturgiques se déroulent, graves et majestueuses comme tous les rites sacrés. Pendant ce temps, nous nous laissons arroser abondamment, car il n'y a que les officiants qui peuvent pénétrer dans ce temple pendant la bénédiction. Enfin, les portes s'ouvrent toutes grandes et le peuple en foule entre dans ce lieu qui vient d'être consacré par la bénédiction du Pontife. M. le doyen de Fosses est à l'autel et va célébrer pour la première fois le saint sacrifice de la messe. A l'évangile, Mgr l'Evêque monte en chaire et adresse à l'assistance une allocation touchante qui fit mouiller bien des yeux. Tout devait être à l'unisson dans cette cérémonie, dans ce temple où on exécuta des morceaux de musique dans le style du moyen âge. La phalange d'artistes qui occupait le jubé nous fit entendre les beautés de la musique palestinienne qui donnaient une idée de la beauté des solennités chrétiennes pendant les siècles de foi. Nous prîmes alors le chemin de Fosses ou, dans la magnifique salle des Sœurs Sainte-Marie était préparé un banquet offert à Monseigneur par Mlle Jeanmart, la donatrice de l'église. A la table d'honneur, la famille Jeanmart au grand complet ainsi que le clergé, les conseillers provinciaux du canton, les membres du Conseil de Fabrique et enfin tous ceux qui ont contribué à la construction et à l'ameublement de l'église, font une couronne d'honneur à Monseigneur l'évêque. A l’heure des toasts, M. le doyen de Fosses se lève et, dans un langage élevé, laissa déborder son cœur de prêtre et dit combien il a gémi de longues années de voir ses paroissiens de Bambois et en particulier ses chers ouvriers mineurs Si souvent dans l'impossibilité morale de remplir leurs devoirs religieux et combien il fut consolé de voir cesser cette pénible Situation, grâce à la générosité de Mademoiselle Jeanmart. Après l'allocution de Mgr l'Evêque, ce fut au tour de M. Jeanmart de remercier Mgr l'Evêque et la partie académique se termina par la lecture d'un fin poème lu par son auteur dont la modestie n'a d égale que le talent .
L'église paroissiale est le lieu de rassemblement des chrétiens et le symbole de la présence de Dieu au milieu de son-peuple. Le mot église vient du latin « ecclesia » qui signifie assemblée, la réunion des fidèles pour la prière. Puis le sens est passé au bâtiment, lieu des réunions. Dans les premiers siècles du christianisme, le nouvelle religion fut rejetée par le pouvoir romain dont l'empereur était le dieu. Après deux siècles de persécutions sanglantes -l'ère des martyrs - l'édit de Milan, proclamé par l'empereur Constantin en 313 permit aux chrétiens de pratiquer librement leur religion. Ils sortirent donc des catacombes (cimetières souterrains) où ils se cachaient, pour célébrer leurs offices et se mirent à construire des églises un peu partout.
Bambois
Au temps où saint Feuillen vint fonder son abbaye à Fosses, la colline de Bambois était couverte d'une forêt faisant partie de la vaste forêt de la Marlagne. Elle fut peu à peu défrichée et les terres ainsi gagnées furent consacrées à l'agriculture. Mais lorsque, en 907, les terres de l'abbaye furent cédées à l'évêque de Liège, il n'y avait encore que peu de maisons et encore beaucoup de bois: ce fut le bois banal de l'évêque, mais où les gens du « ban » pouvaient récolter du bois de chauffage. D'où le nom de Ban-bois. Au cours des siècles, l'endroit se peupla pour réunir plus de 100 familles aux environs de 1900. Mais les habitants devaient venir à Fosses pour assister aux offices, pour les baptêmes, mariages, funérailles. Et vu la distance, la pratique religieuse était minime. Sur la place actuelle et ses alentours se dressait une ferme mentionnée déjà en 1692. Un artiste peintre de renom, Jacques Baudin, originaire de Paris, l'acheta en 1743 et s'y installa pour peindre, et en même temps enseigner à une dizaine de pensionnaires. Il y mourut le 20 décembre 1817. Plusieurs de ses toiles ornent la cathédrale de Namur et notre collégiale possède une de ses plus belles oeuvres « Le triomphe de saint Feuillen «. Son fils Nicolas Baudin lui succéda il était peintre lui aussi et cité dans le dictionnaire des peintres belges. De son mariage avec Marie Alexandre, il eut 8 enfants dont Narcisse, né à Fosses en 1820. C'est de
ce nom, transformé par le langage populaire, que le lieu fut parfois appelé « place Baudouin .En 1874, Narcisse Baudin vendit la ferme à B. Hanotiaux, cultivateur qui la revendit en 1880 à Philippe Pinon en 1888, le lieu passa à Moïse Remy-Mathot et finalement, en 1891, à Mlle Adèle Jeanmart, fille du notaire Barthélemy Jeanmart, de Namur.
L'église
Emue du manque de pratique religieuse dans le hameau de sa propriété, Mlle Jeanmart décida de consacrer sa fortune à la construction d'une église, dans le souvenir de son père. Le 21juin 1898, elle introduit la demande de bâtir au Collège échevinal de Fosses et la construction débuta la même année. Sur des plans de M. Van Gheluwe, architecte à Namur, l'église est de style néo-gothique élancé, très souvent utilisé pour des églises à cette époque. Elle coûta 79.208 francs-or et s'étend sur près de 700 m2. De plus, le 30 juin 1898, M. le doyen Mallar posa la première pierre d'un prestigieux presbytère, payé aussi par Mlle Jeanmart. Et l'inauguration officielle de l'église fut célébrée par Mgr Heylen, évêque de Namur le 14 février 1900. Elle fut dédiée à saint Barthélemy, apôtre en Inde et en Arménie, mort martyr en 71, du nom du père de Mlle Jeanmart . Deux plaques, autrefois insérées dans le mur du chœur et à présent à droite près de l'entrée, rappellent (en latin) cet événement et l'acte généreux de Mlle Jeanmart. Mais il ne s'agissait toujours, dans les termes officiels, que d'une chapelle dépendant de l'église de Fosses et desservie par un des vicaires. En 1903 le presbytère fut même occupé par des religieuses expulsées de France, avec 9 pensionnaires. Hélas, Mlle Jeanmart avait vu trop grand et en 1911 était déclarée en faillite. Par un acte du 30 décembre 1908, elle avait fait don de l'église et du presbytère à la Fabrique d'église de Fosses (malgré l'opposition du Conseil communal de l'époque, refusant des frais supplémentaires) et cette donation fut remise en question car elle avait déjà hypothéqué 4 maisons qu'elle possédait à Namur. Les curateurs de la faillite réclamaient 14.285 francs à la Fabrique d'église. On transigea pour 6.000 F et les terrains (10 hectares) furent vendus à différents cultivateurs de Bambois, tandis que le presbytère était acheté par Prosper Riboux. Et le 5 mars 1919, Mgr Heylen érigeait la chapellerie en paroisse.
Et ses Curés
De 1900 à 1914, l'église de Bambois avait été desservie par des vicaires de Fosses : les abbés Jules Fays, Joseph Lizin, Gilles Delforge, Victor Bernard et pendant la première guerre par les vicaires Poncelet et Davin, puis le Père Bruno de Maredsous. Le 20 mars 1919, l'évêque de Namur nommait le premier curé : l'abbé Joseph Cambier, né à Lesves en 1882, vicaire à Biesme et récemment démobilisé il avait été brancardier Il fut installé le 4 mai 1919 et allait consacrer 34 ans de sa vie à la paroisse de Bambois. C'était un homme d'une extrême gentillesse, d'une générosité sans limite : pendant la guerre 40-45, il restait parfois plusieurs jours sans manger car il avait distribué aux familles nécessiteuses le pain et les pommes de terre qu'on lui offrait. Il donnait tout. C'est lui qui avait payé de ses deniers le rachat du presbytère (14.167 F) en 1920. Il avait toujours chez lui une réserve de médailles (de St Benoît, du Rosaire et de la Bonne-Mort) qu'il distribuait largement. Usé par le travail, les privations et l'âge, il se retira comme aumônier au Home Dejaifve en 1953, puis sa santé nécessita son transfert au Home de Carnières où il mourut le 22 août 1960, âgé de 78 ans. Mais son vœu le plus cher fut réalisé il fut inhumé au cimetière de Bambois, parmi ses paroissiens. Le 20 décembre 1953 arrivait l'abbé Désiré Pierard, jeune prêtre dynamique, qui entreprit un immense travail. Si son prédécesseur était réservé et respectueux de la liberté de chacun, l'abbé Pierard était un vrai missionnaire, allant chercher chez eux les fidèles pour participer aux manifestations de piété, l'organisation du rosaire quotidien, la communion mensuelle des hommes, des pèlerinages express à Beauraing chaque début de mai (en caravane de voitures) réunissant plus de 100 participants et tenant compte qu'il fallait rentrer pour 14 h « quand les pigeons retombent », des retraites à Fayt-lez-Manage (jusqu'à 40 hommes) et l'édition d'un petit journal paroissial La voix de Bambois Sans compter l'encouragement d'une chorale paroissiale, le mouvement Vie Féminine, la Confrérie St-Eloi, une dramatique... En 9 ans, ce prêtre zélé avait opéré une véritable révolution spirituelle dans sa paroisse de Bambois avec d'authentiques conversions. En 1960, il fut nommé curé de Neffe (Anseremme). Il devait hélas périr dans un accident de voiture en 1967. Vint alors le Père Lucien Cornet le 28 octobre 1964 : ancien missionnaire au Congo, bricoleur-né, habile en tout et au service de tous, il jouit d'une grande popularité il revient d'ailleurs chaque année célébrer la messe de la Sint-Biètrumé, en wallon et l'après-midi, il marche dans le peloton des grenadiers. Le 30 août 1968 était nommé l'abbé Jacques Paquet qui s'inscrit d'office dans la lignée des excellents pasteurs dont jouissait la paroisse de Bambois. Bien que différent de ses prédécesseurs, il fut un prêtre dévoué et dynamique, proche de ses paroissiens. Mais il fut nommé curé de Moignelée en 1973. La cure de Bambois fut alors occupée par 4 Pères assomptionnistes de Saint-Gérard : le P. Elisée Dricot, curé ; le P. Vincent Vandermeersch, prédicateur réputé le P. Nicolas et le Frère Eugène qui travaillait surtout à l'œcuménisme. Ils regagnèrent le prieuré de St-Gérard en 1977 et furent remplacés par l'abbé René Pirmez, prêtre d'une grande pitié intérieure qui avait l'art de faire l'éloge funèbre des paroissiens disparus. Il partit pour une maison religieuse de Bruxelles en 1998. Depuis lors, la cure est inhabitée (mais il y a des projets) et la paroisse sans curé est desservie par le clergé de Fosses : le doyen et le vicaire et le P. Tassin du prieuré de St-Gérard.
L'intérieur de l'église
Après le Concile Vatican II , il fallut revoir l'organisation et l'ornementation intérieure de l'église : au début des années 70, on supprima les vitraux du chevet du chœur, le banc de communion, la chaire et on remplaça les chaises. Sur les fenêtres fermées, au-dessus de l'autel, fut placé en 1972 un remarquable Christ en gloire, oeuvre de dinanderie (3m60)d e l'artiste local Marcel Nulens qui signa aussi la porte du nouveau tabernacle (laiton ciselé et émaillé) en 1974, et un grand chandelier pascal, toujours en cuivre battu. Léon Topet, de son côté, marqua aussi son passa9e à Bambois par des oeuvres d'ébénisterie un autel en chêne massif aux pieds tournés, sur lutrin, et deux chandeliers de chêne.
Et les cloches
Elles aussi sont tellement liées à la communauté chrétienne qu'on ne se contente pas de les bénir, mais on les baptise. Car elles marquent le temps de la prière, des célébrations liturgiques et les grands événements de la vie des hommes baptêmes, mariages, funérailles... et aussi les heures de la vie du village. Mlle Adèle Jeanmart et son frère Charles furent les parrains-donateurs des deux premières cloches de l'église de Bambois: Barthélemy (800 kg) et Thérèse- Barbe (600 kg); elles marchèrent pour la première fois le 14 février 1900, annonçant l'inauguration de l'église. Hélas, en 1943, la petite fut enlevée par les Allemands pour être fondue. Le 7 novembre 1954 une nouvelle cloche, du même nom (Thérèse Barbe) fut baptisée en la collégiale de Fosses en même temps que Feuillenne et Lambert, remplaçant aussi leurs sœurs fossoises en 1943. Son parrain était Marcel Bert et sa marraine Marie Riboux-Genot. En mars 1959, le président du comité paroissial le Cdt Pierre Cour-teille, offrit une autre cloche, Marie-Pierre, pesant 310 kg. Son épouse et ses enfants en étaient les parrains et marraines. La même année, le curé Pierard fit assurer l'électrification des sonneries des cloches. Un chauffage au gaz sera bientôt remplacé par un système plus économique.
La chorale
Parmi les mouvements paroissiaux déjà cités, la chorale mérite une mention spéciale. Déjà avant la guerre 40, quelques jeunes filles assuraient l'animation des offices chantés sous la direction de l'organiste Mme Aline Coeme, devenue une véritable » institution paroissiale. En 1949, le mari de l'institutrice de Bambois, Jean Boccart, relança une chorale, avec son fils comme organiste, quelques jeunes filles et quelques hommes. Les offices se chantaient alors en latin et l'abbé Pierard aida au passage de la liturgie en français. En 1954, le groupe prit le nom de « Chorale Sainte Cécile » et connut un beau développement. L'organiste actuel est M. André Minet, de Ermeton-sur-Biert. Le vieil harmonium à pédale a fait place à un orgue électronique, à deux claviers et pédalier.
En conclusion
Reprenons les termes d'une jolie et intéressante brochure éditée pour ce centenaire : « Nous devons être fiers de notre église centenaire elle est la mémoire vivante que nous devons transmettre aux générations à venir. Puissent les jeunes avoir une haute conscience de leurs responsabilités pour défendre leurs racines Il faut aussi rendre hommage et remercier tous ceux qui, depuis Mlle Jeanmart, ont oeuvré à la mise en valeur de l'é9lise, à tous ces prêtres dévoués, a tous ces paroissiens qui ont donné de leur temps et de leur générosité, souvent dans l'anonymat, pour que vivent cette paroisse et cette église de Bambois.
Textes : Jean Romain