« messes confinées » mais « cœurs de-confinés », ouverts à Dieu et au monde
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Comme l’année précédente, cette année, nous allons encore fêter Pâques, la plus grande fête chrétienne, avec une présence très limitée de fidèles. Cette situation est pénible à vivre, d’autant plus que la logique qui sous-tend les restrictions gouvernementales relatives au culte et au culturel nous paraît incompréhensible, voire absurde.
Soit !
Il faut noter, par ailleurs, que l’Église aujourd’hui vit comme dans une situation d’exil (en diaspora) dans une société très matérialiste. Dans une telle société, le culte et le culturel sont relégués dans la catégorie dite « non essentielle ».
Mais cette réalité ecclésiale est-elle vraiment nouvelle ? L’histoire de trois premiers siècles de l’Église montre que la religion chrétienne a déjà été forcée au confinement, c’est-à-dire, mise de côté, poussée à mourir ou à disparaître. Il suffit de penser aux différentes persécutions des chrétiens. Paradoxalement, ces temps difficiles ont souvent été les plus féconds sur le plan de l’annonce de l’Évangile, de la prière et du témoignage évangélique.
Bien avant l’ère chrétienne, le peuple d’Israël avait connu aussi une situation à peu près semblable à celle que nous connaissons aujourd’hui. Il a été forcé de quitter la terre promise, d’abandonner le temple, pour se retrouver en exil, « confiné » à Babylone. Quelle épreuve !
Mais en exil, confiné, le peuple recommença un nouvel itinéraire de foi et retravailla en profondeur sa foi. Celle-ci va se purifier et se refonder. Le peuple finit par comprendre que Dieu est un Dieu qui tient promesse, il reste fidèle éternellement dans l’alliance avec l’homme. Finalement, l’exil a ouvert pour les israélites un itinéraire de foi et d’identité́ humaine dont on peut retracer les étapes à travers la Bible : relecture, refondation de la foi et conversion.
Dans le contexte actuel, nous pouvons réfléchir davantage sur notre identité chrétienne : à quoi Dieu nous appelle-t-il aujourd’hui ?
Par rapport à la messe en temps de confinement, le théologien français Louis-Marie Chauvet se demandait, il y a quelques jours : « Au fond, qu’est-ce qui fait d’une vie humaine une vie proprement chrétienne ? C’est la combinaison de trois références : à la parole de Dieu, aux sacrements (parmi lesquels, et éminemment, l’eucharistie) et à une vie éthique de vie qui se conforme à l’Évangile. Ce qui est premier dans cette trilogie n’est pas le sacrement, mais bien la parole de Dieu ».
À regarder de près, la tradition chrétienne regorge des ressources inestimables qui permettent aux chrétiens de vivre la vie chrétienne de manière authentique. Le point de départ de toute vie chrétienne est la Parole de Dieu (une Parole à recevoir, à lire, à méditer et annoncer), puis le culte (passage obligé et obligeant) et une éthique conforme à l’Évangile (témoignage évangélique ou charité chrétienne).
Aujourd’hui, le culte est vécu avec un nombre très limité de personnes. Cette interdiction est injuste, il faut le reconnaître ! Mais, nous ne devons pas oublier les deux autres dimensions (annonce de la Bonne Nouvelle et une éthique conforme à l’Évangile) dont personne ne saurait nous priver, et que personne ne saurait confiner ! Sommes-nous assez créatifs pour les vivre de manière nouvelle, digne et juste, particulièrement en ce temps difficile où nombreuses personnes sont en quête d’espérance ?
À quelques jours de la fête pascale, il convient de souligner cette affirmation de Mgr Jean-Luc Hudsyn, évêque auxiliaire du Brabant wallon : « le plus essentiel pour nous, c’est notre attachement au Christ, c’est notre foi en la force de la résurrection qui nous font traverser craintes, contraintes, obscurités avec une patience tenace, une espérance plus forte que toute désolation, une attention redoublée pour tous ceux qui sont en attente d’amour et de solidarité ».
Puisse la fête de PÂQUES (mort et résurrection) nous aider à mourir dans nos peurs et craintes et à ressusciter dans l’espérance et la confiance au Dieu de l’alliance, qui tient toujours promesse et qui nous invite aujourd’hui encore à relire, à refonder notre foi aujourd’hui, à nous convertir. Ainsi, « confinés » ou non, les chrétiens deviendront une minorité lumineuse au cœur d’un monde en quête d’espérance : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13).
JOYEUSES FÊTES PASCALES !
PhD Willy Wele-Wele K.
Comments